Podcast
Quand l’habitat révèle nos blessures familiales : l'habitat-thérapie au service du transgénérationnel
Résumé : Dans cet épisode de podcast, Valentine Lhommel, membre de la Fédération Française de Psychogénéalogie reçoit Fiona Beekens, une experte en neuroarchitecture qui pratique habitat-thérapie. Elle explore le lien profond entre notre intérieur et nos héritages transgénérationnels. Comment nos choix de décoration reflètent-ils nos émotions, nos traumatismes et les charges familiales que nous portons inconsciemment ? De la couleur des murs aux objets transmis de génération en génération, l'espace dans lequel nous vivons parle de nous bien plus qu'on ne le pense.
Nos intérieurs sont le reflet de nos émotions
Nos espaces de vie sont bien plus que de simples lieux de confort ; ils sont le miroir silencieux de notre monde intérieur.
"Nos intérieurs sont le reflet de notre état intérieur. Si vous traversez une phase d'introspection, vous serez naturellement attiré par des couleurs comme le bleu".
Cette approche s'ancre dans la neuroarchitecture, une discipline qui relie neurosciences et architecture pour comprendre comment nos espaces influencent nos émotions et notre bien-être.
Cette dynamique intuitive se traduit naturellement par des choix inconscients dans la décoration : "Ce que nous choisissons pour notre intérieur est d'office un reflet de notre fonctionnement et de notre ressenti."
Ainsi, lorsqu'une personne en burnout repeint sa maison, elle ne choisira probablement pas une teinte solaire comme le jaune, mais des tons plus ternes, comme le gris. "Le gris reflète souvent un état de doute et de flou, en phase avec l'incertitude de ceux qui traversent des périodes difficiles."
Lien entre objets hérités et poids transgénérationnels
Les objets que nous conservons racontent une histoire. Mais cette histoire est-elle vraiment la nôtre ?
"On ne s'attache pas à un objet, mais à l'histoire qu'il raconte."
Chaque meuble ancien, chaque bijou familial peut porter une charge émotionnelle héritée. Le lien entre habitat et transgénérationnel devient alors une évidence : garder les meubles d'un ancêtre peut symboliser un attachement inconscient à ses blessures, à ses charges.
Ce processus touche des souvenirs profonds, parfois douloureux. "Ce n'est pas parce qu'on a de bons souvenirs d'une personne que l'on n'hérite pas de ses souffrances. Garder un meuble ou un objet familial, c'est aussi potentiellement garder une charge émotionnelle lourde."
Se libérer sans renier son histoire
La question se pose alors : comment se libérer de ces objets chargés d'émotions sans renier ses racines ? La clé est dans la transformation et la conscientisation.
"Il est préférable de remplacer le mot 'se débarrasser' par 'se libérer'. On ne jette pas un objet, on se libère de l'émotion qu'il porte."
Par exemple, faire fondre des bijoux familiaux pour en créer de nouveaux est une façon puissante de transformer l'énergie associée. Transformer un objet, c'est le déconnecter de son histoire précédente tout en respectant son essence.
L'importance du bon timing
Cependant, cette libération ne peut se faire que lorsque le moment est venu. Il y a un temps pour chaque prise de conscience. Forcer le changement avant d'être prêt peut être contre-productif. Parfois, une simple prise de conscience suffit à enclencher le processus, mais souvent, des rituels de libération sont nécessaires.
"Écrire une lettre, la brûler, ou créer un geste symbolique sont des moyens puissants de libération."
Il est essentiel de respecter le rythme personnel. "Le changement viendra naturellement. On se réveillera un matin en se disant : 'ce meuble n'a plus sa place ici'."
L'habitat comme miroir de nos deuils
Un exemple marquant illustre cette idée : celui d'une maison familiale bloquée dans ses travaux de rénovation.
Le projet stagnait, non pas à cause de facteurs techniques, mais à cause d'un deuil non résolu. L'espace portait la mémoire d'un proche défunt, et la peur de le trahir paralysait l'élan de transformation.
Une fois le deuil amorcé et un rituel de libération réalisé, les travaux purent reprendre et la maison fut lâchée, permettant à la propriétaire de créer sa propre histoire.
Conseils pour un tri conscient
Pour ceux qui souhaitent amorcer ce processus, l'essentiel est d'abord de comprendre l'origine de l'attachement. Est-ce une peur du manque, un souvenir familial, ou une forme de culpabilité ? Une fois cette origine identifiée, le processus de libération devient plus fluide.
L'objectif est d'alléger les espaces de ce qui n'a plus sa place, en conscience et avec respect.
Conclusion
Nos lieux de vie racontent notre histoire et celle de nos ancêtres.
Nettoyer son espace, c'est aussi faire place à un nouveau chapitre de sa vie.
Notre habitat parle de nous, de nos histoires, de nos blessures, mais aussi de nos forces et de nos rêves.
Se libérer des charges émotionnelles liées à notre espace de vie, c'est un pas vers un mieux-être profond, qui respecte notre passé tout en écrivant notre propre avenir.
Un épisode riche en introspections et en conseils concrets pour mieux comprendre le lien entre le transgénérationnel et l'habitat.
Pour en savoir plus :
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Fiona Beekens
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Valentine Lhommel