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Le dessin de l'arbre généalogique comme épreuve projective
Source : Cuynet, P. & Mariage, A. (2004). Le dessin de l’arbre généalogique comme épreuve projective. Le Divan Familial, 13, 163-182.

Résumé : L’article analyse l’utilisation du dessin de l’arbre généalogique comme une méthode projective puissante en thérapie psychanalytique. Ce support permet de dévoiler les dynamiques inconscientes des relations familiales, les non-dits transgénérationnels, et les influences inconscientes pesant sur le patient. Les auteurs montrent comment cet outil aide à la réparation des souffrances héritées.


L’arbre généalogique : un outil entre récit et projection

Cuynet et Mariage introduisent l’arbre généalogique dessiné comme un outil à double dimension :

 

  • Récit factuel : il permet de visualiser les générations, les liens, et les structures familiales.
     

  • Projection inconsciente : le dessin, loin d’être neutre, reflète les affects, les conflits, et les représentations personnelles que le patient attribue à son système familial.
     

Les auteurs insistent sur le fait que cet outil ne se limite pas à cartographier la famille, mais offre un accès direct à des zones de conflit ou d’oubli, souvent inconscientes.

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Les dimensions projectives révélées dans le dessin

Le dessin de l’arbre généalogique devient une scène où l’inconscient se dévoile à travers :

 

  • Les omissions : Un membre important de la famille est oublié, ce qui peut révéler des secrets ou des exclusions psychologiques. Par exemple, un père absent émotionnellement peut ne pas figurer dans le dessin.
     

  • Les positions et proportions : La distance physique entre les membres reflète la proximité affective ou des tensions. Si un parent est dessiné loin ou plus petit, cela peut signifier un lien fragilisé ou une difficulté à accepter son rôle.
     

  • Les choix esthétiques : Couleurs, lignes, symboles (par exemple des racines visibles ou invisibles) traduisent la manière dont le patient perçoit son héritage ou ses blessures transgénérationnelles.
     

Les auteurs expliquent que ces éléments offrent au thérapeute un terrain d’investigation riche et souvent inattendu.



Cas cliniques : comprendre les transmissions invisibles

Pour illustrer leur propos, Cuynet et Mariage analysent plusieurs dessins issus de contextes thérapeutiques :

 

  • Exemple 1 : Omission significative
    Une patiente oublie de représenter un grand-parent, qu’elle qualifie ensuite de « peu important ». L’analyse révèle que ce grand-parent est associé à un secret de violence, refoulé par la famille.

     

  • Exemple 2 : Disproportions dans les tailles
    Un enfant est dessiné de manière beaucoup plus grande que ses parents. Cela reflète une inversion des rôles où l’enfant a dû assumer des responsabilités affectives importantes.

     

  • Exemple 3 : Emplacement hors du cadre
    Un patient place son conjoint en dehors de l’arbre principal. Cette représentation symbolise une distanciation affective due à des conflits conjugaux ancrés dans des attentes familiales inconscientes.

     

Ces exemples mettent en lumière les transmissions psychiques invisibles, souvent non verbalisées mais fortement opérantes dans les schémas de vie du patient.

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Le rôle thérapeutique du dessin dans la réparation psychique

Cuynet et Mariage expliquent que l’arbre généalogique permet d’amorcer une transformation psychologique :

 

  • Prise de conscience : Le patient observe ses projections graphiques et verbalise des tensions ou des émotions jusque-là inconscientes. Par exemple, la reconnaissance d’un membre exclu peut enclencher un processus de réintégration symbolique.
     

  • Réparation des transmissions pathologiques : En identifiant les poids familiaux transmis (comme les injonctions ou les traumatismes), le patient peut s’en distancer et reconstruire son identité de manière plus libre.
     

  • Travail actif avec le thérapeute : Ce dernier guide l’interprétation et aide à décoder les symboles inconscients du dessin, rendant ainsi les non-dits familiaux plus accessibles.


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Un outil clé pour comprendre et transformer l’héritage transgénérationnel

Les auteurs concluent que le dessin de l’arbre généalogique dépasse le simple rôle informatif pour devenir un catalyseur de changement. Il permet de :

  • Rendre visibles les dynamiques inconscientes pesant sur le patient.

  • Créer un espace où les conflits familiaux refoulés peuvent être nommés et transformés.

  • Offrir un cadre thérapeutique où le patient peut réécrire son histoire familiale, se libérer des héritages pesants, et construire une autonomie émotionnelle



​Cuynet et Mariage démontrent que l’arbre généalogique en tant qu’épreuve projective est un outil fondamental en thérapie familiale psychanalytique. En révélant les transmissions invisibles et en permettant une réparation psychique, il offre au patient un moyen de comprendre et de transformer son héritage transgénérationnel.

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